Enfanter est un moment marquant dans la vie des mères. C’est un changement physique, psychologique, social, financier et sexuel. Ce dernier volet est celui sur lequel nous souhaitons nous pencher pour que vous puissiez vivre une sexualité postpartum toute en douceur.
La période de carence
En règle générale, l’équipe médicale recommande un minimum de six semaines avant de recommencer à reprendre des activités sexuelles. Ce délai de six semaines coïncide avec la visite de suivi chez l’obstétricien qui confirmera que le corps de la femme est prêt à reprendre ses activités.
Cette période de six semaines permet non seulement de se remettre de l’accouchement ou de la césarienne, mais il permet aussi à la femme de retrouver son corps, changé par la grossesse. Bien que ce temps soit nécessaire pour une certaine remise en forme, il peut être idéal pour un retour à l’intimité et à la tendresse. Le deuxième parent vit lui aussi une carence, un changement de statut et bien souvent un sentiment d’impuissance devant le défi que représente la période postpartum. La clef pour vivre ce moment en douceur : la communication, encore et toujours. Parlez de vos craintes et vos désirs, ouvrez le dialogue sur ce nouveau chapitre. Profitez-en aussi pour rétablir l’intimité ; enlacez-vous, embrassez-vous, soyez doux et patients.
La « première fois »
Votre première relation sexuelle suite à l’accouchement (ou césarienne) risque d’être éprouvante – autant pour vous que votre partenaire.
Ne pressez pas les choses. Choisissez un moment tranquille, où vous ne serez pas dérangé. Évidemment, un nourrisson est imprévisible, mais un moment après son boire lorsqu’il vient de se coucher pour une sieste peut être un très bon moment.
Utilisez un lubrifiant. Bien que le corps de la femme soit conçu pour se lubrifier naturellement, l’appréhension du moment peut causer un petit stress qui freinera cette lubrification ou qui la rendra insuffisante.
Prenez votre temps. Commencez par des caresses, l’insertion d’un doigt avant de procéder à une pénétration complète. Il se peut que vous sentiez un pincement ou un picotement, c’est tout à fait normal ; votre corps se remet d’un traumatisme, il ne faut pas l’oublier. Restez à l’écoute de votre corps et communiquez activement avec votre partenaire. En le guidant, vous parviendrez à trouver un rythme et une position qui vous sera confortable. Si les douleurs ne se dissipent pas, vous pouvez cesser l’activité ou recommencer les caresses. En ayant une progression lente et constante, vous retrouverez votre fougue en quelques séances.
Si vous avez vécu un accouchement par césarienne, votre corps réagira différemment. La zone affectée n’étant pas la même, vos douleurs ne seront pas de même nature. Trouvez une position confortable, utilisez des oreillers au besoin, et avisez votre partenaire de toute crainte qui puisse freiner vos ardeurs. Soyez avisées de ne pas mettre de pression sur votre abdomen et de traiter cette zone avec une infinie douceur.
Votre travail personnel.
Votre sexualité débute avec vous-même. Il est primordial que vous vous sentiez bien dans votre corps et votre tête pour avoir une sexualité épanouie. Bien que le corps que vous voyez dans le miroir ne soit peut-être plus celui auquel vous étiez habituée, il est à vous et c’est ce même corps qui a traversé toutes les épreuves auxquelles vous avez fait face. Il a porté et donné la vie, aimez-le autant qu’il le mérite[1].
Exercez-vous. Les poids vaginaux seront d’un grand secours pour reprendre le dessus sur votre forme physique. À l’hôpital vous aurez eu une explication sur l’importance de l’exercice Kegel et on vous aura enjoint à en faire une centaine par jour. Pour éviter de vous ajouter une tâche supplémentaire dans vos journées déjà remplies, utilisez simplement les poids qui feront le travail pour vous tandis que vous pourrez vaquer à vos occupations journalières.
La maternité est un cadeau précieux livré par votre corps. Prenez-en soin et rendez-lui l’appareil en lui offrant une saine vie sexuelle.
[1] Note de l’auteure : Ayant moi-même vécu un accouchement et un changement physique difficile, je comprends qu’il est donc plus facile de le dire que de le faire. Il faut se donner le droit ; le droit d’être épuisée, le droit de se trouver moche, le droit de vouloir tout abandonner. Par contre, il faut aussi faire l’effort de reconnaître notre beauté, reconnaître nos nouvelles forces et prendre un peu d’amour qu’on a pour notre enfant et se le redonner. C’est un long travail, mais il est payant.